Collège au cinéma

Le jeudi 23 mars, les élèves de troisième de Mesdames Pollaert, Guet, et de Monsieur Bertin sont allés visionner le film du deuxième trimestre du dispositif “Collège au cinéma” auquel participe depuis de nombreuses années déjà le collège Gaspard Malo. Après La Traversée de Paris, les élèves ont découvert un film de 2007, d’un réalisateur d’origine iranienne et vivant en Autriche, Arash T.Riahri, Pour un instant la liberté. Voici les différents sujets qui ont suscité la réflexion et l’écriture de quelques élèves de 3e4 et de 3e6.

L’affiche (Hélène R- Mattéo – Bryan)

Celle-ci est rédigée en français et en arabe. Bryan rappelle que le titre original de ce film est en allemand : « Ein Augenblick Freiheit ». Le mot qui se détache sur l’affiche est le mot « Liberté » car il est écrit en capitales et en blanc sur un fond bleu. Les lettres font penser aux vitres grattées comme dans le film, cela nous montre que la liberté va être « abimée » selon Hélène. Bryan écrit : « c’est comme dans une scène du film durant laquelle Kian grave sur une fenêtre givrée une maison où il pense pouvoir être libre. » 

Au premier plan, on a l’image des deux enfants qui se détache, ils sont heureux et insouciants et on peut parler de « fraternité ». On peut penser que ce sont les personnages principaux du film. A l’arrière-plan, l’image de cavaliers au milieu de nulle part et allant vers l’inconnu dans un paysage enneigé. Si on regarde plus attentivement, on peut apercevoir deux familles, avec les enfants du premier plan. Les couleurs froides sur lesquelles se détachent les personnages dominent. La montagne rappelle la frontière naturelle qui peut séparer des pays. On imagine alors que les personnages de ce film veulent passer illégalement la frontière à la recherche d’une « égalité » source de bonheur.

On peut enfin lire une critique du magazine « Variety » : « un subtil équilibre entre humanisme, humour et tragédie. Très émouvant. » Ce point de vue rejoint avec justesse l’impression des élèves qui ont unanimement apprécié le film.

Les différents protagonistes (Justine, Hélèna, Inès F, Andy F – 3e4)

Tout au long du film, nous allons suivre trois histoires différentes d’exilés.

On découvre d’abord le personnage d’Ali, meilleur ami de Mehrdad qu’il accompagne. Mehrdad est le cousin d’Azi, 7 ans, et Arman, 5 ans. Il a pour devoir de ramener ses cousins à sa tante qui habite en Allemagne.

Nous découvrons ensuite Laleh qui est l’épouse d’Hassan, Kian est leur fils. Ils ont pour objectif de refaire leur vie en Europe.

Enfin, Manu et Habbas sont meilleurs amis, bien qu’ils ne viennent pas du même pays mais ils communiquent par la langue internationale qui est l’anglais. Ils ont réussi à établir une complicité forte. Ils ont pour but d’obtenir un visa d’entrée pour l’Allemagne. Habbas était autrefois professeur d’anglais, il a fui l’Iran et veut faire venir sa femme restée au pays. Manu souhaite quant à lui acheter du matériel et particulièrement des masques à gaz, pour le bien de son village situé dans la région du Khurdistan irakien.

Le parcours d’Hassan apparaît comme exemplaire de la tragédie que peuvent vivre certains migrants arrivés aux portes de l’Europe. Étant donné qu’il n’arrive pas à se procurer les visas d’entrée, il tente alors de les voler. S’ensuit une course-poursuite entre Hassan et quelques migrants, sous les yeux de sa femme et de son fils. Pris à partie par la foule, Hassan se lacère le torse avec un couteau. La foule se disperse alors. Hassan peut ainsi retourner à l’Office des réfugiés de l’ONU et montrer ces marques de torture de l’opposant au régime iranien qu’il est. Il est sur le point de réussir lorsque le fonctionnaire qui s’était occupé de son dossier le reconnaît et dévoile sa ruse. Désespéré, Hassan s’immole par le feu devant l’Office .

Entre espoir et désespoir : Hassan et Ali (Théo, Sandra, Annaëlle, Shannon – 3e6)

Dès le début du film, nous faisons la connaissance de deux familles différentes dont l’histoire et les raisons de migrer sont complètement opposées.

En effet, Mehrdad et son meilleur ami Ali sont deux jeunes adultes qui tentent de rejoindre les parents d’Azi et Arman qui sont en Autriche. Hassan et sa femme Laleh, accompagnés de leur fils Kian, tentent de rejoindre l’Europe pour vivre une vie meilleure car libérée du joug de l’Etat iranien. La différence d’âge explique qu’Ali et Merhdad verront et vivront les événements plus positivement qu’Hassan et Laleh.

De plus, une séparation marque le début du film : Arman et Azi quittent leurs grands-parents, la famille d’Hassan quitte “seulement” son pays. Les deux familles se rencontrent dans le bus vers Téhéran et subiront les mêmes conditions de voyage à cheval et dans le froid pour franchir la frontière vers la Turquie.

Par ailleurs, durant le film, on retrouve beaucoup de souffrance chez Hassan car il ne veut pas décevoir sa famille. On la retrouve également du côté de Mehrdad mais celle-ci se transformera en espoir à l’opposé de Hassan. Ce dernier se donnera la mort. Sa femme se sent alors abandonnée. Avec son fils, elle décide enfin de retourner en Iran pour terminer ce que son mari avait commencé : la Révolution.

Habbas et Manu : un duo improbable (Théo, Ethan, Guillaume, Emma- 3e4)

Ces deux amis sont opposés : Habbas est l’intellectuel et Manu un grand rêveur. Tous deux illustrent l’idée de fraternité, ils sont prêts à tout l’un pour l’autre. Manu a tendance à se cacher la vérité dans le mensonge, et Habbas est plus idéaliste et croit en la vérité,

Ils subissent dans le film de nombreuses discriminations racistes. Lorsqu’ils avaient faim, ils ont tué un cygne et l’ont emmené chez eux. Une femme les a alors dénoncés à la police alors qu’elle avait bien remarqué qu’ils étaient dans la misère. La façon dont elle participe à la fouille est inappropriée, ce n’est pas à elle de le faire. Dans une autre séquence, ils sont agressés dans un bus par des Turcs au motif qu’ils chantaient une chanson en kurde. En Turquie, des gens rejettent cette minorité. Habbas fait alors acte de résistance en continuant à chanter, contrairement à Manu.

Malgré tout, Manu rêve d’intégration. Dans l’une des dernières séquences, lorsque Manu arrive enfin en Allemagne, il se projette en vendeur de hot-dogs, en homme d’affaire, en homme marié grâce à la technique du flash-forward : comme Manu, on voit son avenir rêvé en Europe.


Un film touchant (Clémence-Sibylle-Lotfi-Juliette- 3e4)

Dès la première séquence, nous assistons à la séparation entre les grands-parents et les enfants Armani et Azi. Les grands-parents courent derrière le bus qui emportent les enfants vers l’exil. Nous ressentons, à l’exemple de Clémence, de la tristesse.

Une autre séquence joue avec les émotions du spectateur : sur une remarque innocente d’Arman, les soldats iraniens demandent à celui-ci et à Ali de descendre de ce même bus pour vérifier leur identité. Un de leur compagnon de voyage va alors se sacrifier en attirant l’attention sur lui pour leur laisser la liberté de poursuivre le voyage. Ali et Arman remontent dans le bus, la caméra s’attache au visage d’Ali déformé par les pleurs du désespoir et les rires du soulagement d’avoir échappé à la mort.

Il fait très froid pendant le voyage, et Arman manque même d’en mourir . Pour le réchauffer, Ali et Mehrdad brûlent un de ses tee-shirts pour en faire un grand feu. En reprenant ses esprits, le petit garçon râle car ils ont brûlé son tee-shirt préféré. On passe alors des larmes au rire.

A la fin du film, la découverte de la situation irrégulière d’Habbas est aussi un véritable « ascenseur émotionnel ». Manu et Habbas sont dans le train et contrôlés à la frontière hongroise. Manu est stressé à l’idée que les faux-papiers de Habbas soient révélés. Le contrôle a lieu, les douaniers ne disent rien. Les deux hommes semblent alors libérés et dansent. Mais à la joie succède le désespoir lorsque les douaniers reviennent.

Un regard à hauteur d’enfants (Ilham, Iman – 3e6)

Les deux enfants, Azadeh et Arman, les deux frères et sœurs complices durant tout le film, apportent une touche de joie et d’humour pendant leur périple infernal. L’innocence des deux petits aide leur cousin Ali et son meilleur ami Mehrdad à supporter la souffrance qu’ils endurent pendant le trajet. Au milieu du chemin, vers la Turquie, l’heure de dormir est venue. Leur sommeil se déroule dans une travée rocheuse dans le froid. Arman est alors victime d’hypothermie, source d’une immense frayeur.

Des moments drôles (3e6)

La séquence de la chasse au cygne est l’une des plus drôles du film. Julien, Younès, Morgan et Jean-Michel nous la racontent : au début de la scène, Manu demande en anglais à Habbas s’il veut un « bon gros poulet ». Et Manu de courir après un cygne qui vogue sur le bassin artificiel, et que Manu n’hésite pas à traverser. De chasseur, il devient chassé dans un changement de rôle. La musique commence alors à s’accélérer. Manu et le cygne vont derrière un buisson et là le crime a lieu, Manu tue le cygne. La musique se coupe et l’on voit une dame âgée, choquée qui avait regardé toute la scène.

Cette scène est comique car au début les deux amis parlent du cygne comme d’une simple volaille qu’on a élevée pour manger. Mais le moment le plus comique est celui où le cygne se met à courir dans le style des cartoons.

Une prise de conscience du spectateur (Timothé, Victor, Pierre- 3e6)

Ce film nous fait prendre conscience de la vie difficile des migrants qui restent bloqués des semaines, voire des mois en espérant une vie meilleure. Les risques qu’ils prennent sont nombreux, variés et sont de plus en plus dangereux au cours de leur voyage. Leur désespoir cause leur perte. Cela peut commencer par leur exploitation comme par exemple lorsque Laleh, qui travaille pour le patron de l’hôtel, le même qui fait payer cher les réfugiés qui cherchent un endroit chaud pour dormir, pour ensuite les dénoncer aux autorités turques, voire aux services secrets iraniens. Ali et les enfants sont victimes de ces dénonciations suivies de séquestration qu’infligent les services secrets iraniens. Hassan et sa famille se sont vu refuser le statut de réfugié et risquent alors l’expulsion. Ce périple peut alors se terminer par une exécution, comme celle d’Habbas, qui ouvre et clôture le film.

Arash T. Riahi, le réalisateur est un Iranien réfugié en Autriche, il a voulu retracer son histoire à travers ce film. Il est sa propre source d’inspiration et a voulu toucher le plus grand nombre de personnes grâce à cette histoire tirée de faits réels.

Ainsi, ce film a aussi poursuivi la réflexion menée par les élèves dans le cadre de l’E.P.I “Frontières”. Leur éducation au langage cinématographique se poursuivra au troisième trimestre avec Mud, sortie prévue le jeudi 11 mai.


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